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Page:Taxil, Hacks, Le Diable au XIXe siècle, Delhomme et Briguet, 1894.djvu/820

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des mulets agiles, chargés de pain blanc, de vin, de fromage, d’œufs et de quantité d’autres provisions.

Il avait une telle affection pour l’aumône, qu’il donnait tout, jusqu’à sa part de nourriture et ses habits ; enfin, il voulut une fois se faire vendre comme esclave en pays inconnu, pour donner le prix aux pauvres.

Il mourut le 15 décembre 956 :

« Un des moines du mont de Latre, rapporte Fleury (livre 55), ayant été délivré à son tombeau du démon qui le possédait, Siméon (successeur de Paul à la direction de la communauté), indigné du tumulte qu’il avait causé dans l’église, s’approcha du tombeau du saint et lui dit, comme s’il eut été vivant : « Est-ce donc là votre aversion pour la gloire humaine ? est-ce là votre amour pour la Solitude et la tranquillité ?… Vous allez nous jeter dans des troubles infinis. Ce lieu sera bientôt rempli d’hommes, de femmes et d’enfants ; et quelle liberté après cela, quel repos aurons-nous ?… Si vous prétendez nous troubler ainsi par vos miracles, faites-le nous savoir promptement. Nous vous descendrons de la montagne, et nous vous laisserons en bas faire ce qu’il vous plaira. »

« Depuis cette remontrance, le saint ne guérit plus en public aucun possédé. »

Quant à saint Dunstan, ses miracles sont renommés dans tout l’univers catholique, et ils doivent être donnés à méditer à nos chrétiens de la décadence, qui ne croient plus au surnaturel.

Il suffit d’ouvrir les Acta Sanctorum, de relire la Légende dorée, de l’archevêque Jacques de Voragine, pour être transporté d’enthousiasme en parcourant ces pages, pleines de vérité et de foi. Ainsi, saint Dunstan possédait une harpe, qu’il accrochait parfois contre la muraille de sa chambre ; aussitôt, cette harpe jouait, toute seule, des airs mélodieux, et, en même temps, on entendait des voix célestes qui chantaient des cantiques.

Les sceptiques diront, irrévérencieusement, qu’il y avait là quelque supercherie ; c’est leur rôle. Mais ce miracle est un de ceux à raison desquels l’archevêque de Cantorbéry a été canonisé ; les catholiques doivent s’incliner devant la décision de l’Église, car l’Église ne se trompe pas.

Saint Dunstan reconnaissait, rien qu’en les regardant une seconde, les gens qui avaient commis un crime. Par l’effet d’une courte prière, il arrêtait, à distance, les chevaux emportés, même s’ils étaient arrivés au bord d’un précipice. Il parlait aux oiseaux, aux poissons, qui lui répondaient. Avec la permission de Dieu, il montait dans l’espace, comme fit Simon le Magicien ; mais lui, il était soutenu par les anges ; aussi, pou-