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Page:Taxil, Hacks, Le Diable au XIXe siècle, Delhomme et Briguet, 1894.djvu/826

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comte et au peuple. On envoie des soldats à la cabane sanglante : ils y comptent quarante-huit têtes humaines. L’assassin est traîné a la ville, attaché à une poutre de grenier, et brûlé vif.

Les affamés mouraient en poussant un cri très faible, comme la plainte d’un oiseau qui expire. On enterrait dans les carrefours des villes, dans les fossés des champs ; puis, les morts devenant trop nombreux, on abandonna les cadavres par monceaux, et alors les bandes de loups accoururent pour s’en repaître.

Tout ce qui se passait en ce temps effroyable n’est-il pas réellement et sûrement démoniaque ?… D’autre part, nous l’avons dit, Dieu soutenait la confiance des fidèles par ses saints, qui, très nombreux à cette époque, multipliaient les miracles. Malgré tout, Satan ne désarmait pas.

Et que l’on ne dise pas, de ce tableau rétrospectif que je viens de tracer, qu’il était inutile, que j’écris des pages pour remplir n’importe comment cet ouvrage. Non ; je ne perds pas de vue ce que j’ai à dire encore de l’action du diable au dix-neuvième siècle, et ces horreurs de l’an 1000 étaient nécessaires à rappeler.

En effet, nous sommes arrivés à un temps où des signes précurseurs de quelque grande catastrophe se manifestent déjà. Si nous basons nos calculs sur la prophétie de saint Malachie (relative à la succession des papes), il parait certain que nous ne verrons pas le cataclysme, et nos enfants non plus. Mais, dès cette heure, la recrudescence des haines infernales contre le nom chrétien est visible, nettement visible, pour tout observateur intelligent.

C’est pourquoi il était utile de remettre en lumière ces faits historiques du dixième siècle, pour bien montrer à quels excès Satan se livre dès que Dieu permet que sa chaîne s’allonge. Et, quand on considérera, avec attention, en comparant dans un esprit calme, sans parti-pris, l’état sur naturel du monde bouleversé aux approches de l’an 1000 avec les symptômes de plus en plus étranges et répétés du merveilleux diabolique à notre époque, plus d’un lecteur, j’en suis certain, sera frappé.

Ainsi, le « mal des ardents » a déjà fait quelques réapparitions, au cours de la seconde moitié de ce siècle-ci, notamment en Sologne et dans le Dauphiné, pour la France, et aussi en Suisse et en Italie ; quelque nouvelle épidémie semble couver, comme un feu inconnu sous la cendre.

Voici encore un rapprochement que le lecteur fera de lui-même : le gnosticisme perfectionné par le manichéisme nous étreint secrètement dans ses tentacules de pieuvre, depuis le jour où, sous les auspices de Cadorna, le grand-maître officiel Frapolli et le grand-maître secret Mazzini installaient la franc-maçonnerie à Rome même, la Papauté étant dé-