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Page:Taxil, Hacks, Le Diable au XIXe siècle, Delhomme et Briguet, 1894.djvu/844

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vivait au seizième siècle. L’histoire de cette possession a été écrite tout d’abord par un ecclésiastique contemporain érudit, Boulvèse, qui était alors professeur d’hébreu au collège de Montaigu. D’autres auteurs nombreux, se sont occupés de l’affaire, notamment l’abbé Migne, Bizouard, l’abbé Lecanu (docteur en théologie du clergé de Paris) ; les exorcismes. furent publics pendant deux mois ; les pièces officielles ont été publiées ; et, pour lire un travail complet sur cette possession, mes lecteurs pourront se reporter à un livre qui n’est pas bien vieux et dont l’orthodoxie est irréprochable : l’Histoire de Nicole de Vervins, ou le triomphe du Saint-Sacrement sur le démon, par l’abbé Roger, première édition en 1863, ouvrage revêtu de l’approbation de monseigneur l’évêque de Soissons et Laon, c’est-à-dire du prélat qui, en l’année de la publication de ce dernier volume, était le chef du diocèse où les faits se sont passés.

Nicole Aubry, de Vervins, était fille d’un boucher et mariée à un tailleur de cette ville.

Un jour, en 1563, le 3 novembre, tandis qu’elle priait sur la tombe de son grand-père, Joachim Villot, mort sans confession, elle crut le voir sortir du tombeau. L’apparition, qui représentait un homme revêtu d’un suaire, se nomma, en effet, à elle, comme étant son aïeul, et lui demanda de faire dire des messes pour le repos de son âme, qui était en purgatoire.

Nicole en tomba malade de frayeur. On fit venir les médecins ; après examen, ils déclarèrent que la maladie, naturelle peut-être à son début, s’était compliquée de maléfices diaboliques, et que l’on ferait bien de demander l’avis de prêtres prudents et éclairés.

Le curé, Claude Lautrichet, reconnut bientôt la présence du démon, et la suite devait démontrer combien ce vénérable ecclésiastique était perspicace.

L’esprit malin, qui avait élu son domicile dans le corps de Nicole, prétendait se faire passer pour l’âme de son grand-père défunt ; mais, à ses paroles et à ses effets, le curé comprit et déclara que c’était un ange des ténèbres, un des compagnons de Satan. Il paraissait même probable que Nicole Aubry était possédée par plusieurs diables à la fois.

Un religieux jacobin, Pierre Delamotte, fut chargé de procéder aux exorcismes. Il fit avouer au principal des démons présents qu’il n’était autre que Belzébuth.

— Quel est ton nom ? lui demanda l’exorciste.

— Belzébuth, prince des diables, après Lucifer, répondit l’esprit.

— Es-tu seul ?

— Non.

— Combien de tes compagnons sont-ils avec toi ?