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Page:Taxil, Hacks, Le Diable au XIXe siècle, Delhomme et Briguet, 1894.djvu/843

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possédés actives. On a les noms de trois d’entre elles, celles qui comparurent devant le tribunal ecclésiastique : Marie de Stains, Simone Dourlet, et Didyme.

Les aveux de cette dernière, consignés au procès-verbal de l’affaire, sont des plus significatifs.

Didyme, qui ne fut pas mise à la torture et qui fit librement ses déclarations, avoue qu’elle avait en commerce, au sabbat, avec les hommes avec les femmes, avec les démons et avec les bêtes ; qu’il lui était arrivé souvent, dans ces réunions abominables, de fouler aux pieds la sainte eucharistie ; que l’on y mangeait de la chair des petits enfants.

Elle donna, sur ces atrocités, des détails que ma plume se refuse de retranscrire, notamment sur la manière dont le diable s’y prenait pour la posséder.

Elle raconta, comme la chose la plus simple du monde, le rapt de petits enfants chrétiens, que magiciens et sorcières, d’accord avec des juifs, égorgeaient, soit au sabbat, soit dans l’assemblée particulière israélite. Pour son compte, elle en avait porté sept ou huit à la synagogue, afin qu’on les y tuât, conformément au rituel.

Dans un de ses interrogatoires, elle fit connaître qu’une nuit, au sabbat, Belzébuth parut costumé en dominicain : devant ce démon, un des sorciers égorgea un petit enfant, tandis que magiciens et sorcières dansaient tout autour une sarabande infernale ; puis, Belzébuth fit circuler dans l’assemblée son froc dominicain ; les assistants s’en revêtirent les uns après les autres, par dérision, chacun exécutant des grimaces ridicules ou obscènes.

On lui demanda : si, au cours de ce sabbat, on n’avait pas dit des injures des religieux dominicains. Didyme, narguant les prêtres qui l’interrogeaient et d’une voix entrecoupée par des éclats de rire qui durèrent trois quarts d’heure, répondit qu’on les appelait : « garnements, vauriens, bouts d’homme, peu de cervelle, petits monts de bran ».

À la fin du procès, quand elle vit que le bûcher serait la conclusion inévitable de cette affaire, elle rétracta ses aveux, disant qu’elle ne comprenait pas comment elle avait pu se laisser aller à déclarer des faits aussi graves. Elle tenta alors de faire croire qu’elle avait uniquement voulu se moquer du tribunal ecclésiastique : mais elle ne réussit qu’à émettre des contradictions flagrantes, se brouilla dans ses mensonges, ne put justifier l’emploi de son temps pendant la durée des sabbats. Finalement, comme elle n’avait aucun repentir, elle fut condamnée et brûlée.

nicole de vervins

On désigne sous ce nom une fameuse possédée, délivrée à Laon, qui