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Page:Taxil, Hacks, Le Diable au XIXe siècle, Delhomme et Briguet, 1894.djvu/905

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nous avons si nettement et si facilement trouvé au début de notre étude sur l’hystérie.

Les ataves ?… Où sont-ils, je le demande, les ataves pathologiques du possédé ? Où sont-ils, les ancêtres dont l’état de santé précaire a prédisposé le sujet et amené chez lui, en quelque sorte forcément et fatalement, cette maladie de la possession, dont l’obsession ne serait qu’une forme fruste, qu’une période d’incubation, pour ainsi dire ? car c’est bien là, n’est-ce pas ? la forme de l’objection des gens de science anticatholique… Où les névrosés ? les tarés ? les alcooliques de tout à l’heure, originels de toutes les dyscrâses ? où les minus habentes physiologiques, précurseurs de l’état morbide qu’ils causent et qui, dans leur descendance, les reproduit et les suit ?…

Nous avons beau chercher ; nulle part nous ne trouverons, dans l’économie humaine, la cause ancestrale héréditaire, le fumier morbide, le tronc pourri qui doit porter l’arbre de la possession, le nourrir, lui faire pousser des bourgeons en une suite ininterrompue de sève maladive et adultérée.

Du fumier ?… Peut-être, cependant, en rencontrerons-nous, mais seulement chez le possédé actif, chez le magicien, le sorcier, et encore à titre rare, exceptionnel ; mais, en tout cas, pas du fumier morbide, ni pathologique ; c’est dans l’ordre psychologique, et non physiologique, qu’il nous faut l’aller chercher. Ce fumier moral va mieux encore nous faire comprendre, par l’analogie forcée, par le rapprochement voulu et la comparaison symbolique entre le matériel et le moral, les dissemblances, les complètes distinctions qui existent entre la maladie du corps, d’une part, chose tangible et concrète, et la maladie de l’âme, de laquelle encore nous ne connaissons rien, en tant que médecin.

Le possédé actif a peut-être des ataves, des parents ou grands=parents, mais dont la maladie aura surtout été morale et non matérielle, intellectuelle et non physiologique. Chez eux, l’impiété, le protestantisme à outrance, la haine juive contre le Christ, le paganisme, l’irréligion sous ses différentes formes connues ou inconnues, auront peut-être préparé une génération démoniaque, possessible en tout cas, mais pas possédable fatalement ; et ici s’arrête l’analogie déjà si forcée. Bien mieux, la maladie morale ne se transmet pas obligatoirement par descendance directe : si Sophie tient son art diabolique de son père, Urbain Grandier fut magicien par son oncle ; il y aurait donc, non hérédité, mais effet de relation. Allons plus loin, et nous constaterons ceci : tandis que l’atave hystérique engendrera une descendance fatalement névrosique à formes frustes ou classiques, mais maladive, quoi qu’il advienne et quoi qu’on en ait, l’impie à outrance n’aura pas cette fatalité dans ses enfants ; le