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Page:Taxil, Hacks, Le Diable au XIXe siècle, Delhomme et Briguet, 1894.djvu/906

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libre arbitre sera toujours là, chez la descendance, pour la préserver des effets secondaires de la tare morale des ascendants.

Le descendant d’impie, quelque prédisposant et quelque grave qu’ait été l’état moral de ses précurseurs, ne sera jamais, pour cette raison, possédé ni même obsédé ; et s’il l’est, à l’attaque insinueuse ou violente, en tout cas non fatale, il pourra toujours répondre par la lutte et la victoire, l’Église venant à son aide ; bien différent en cela de l’hystérique, qui est un passif, un fatal, un corollaire découlant forcément du théorème, né de lui et sans défense contre lui.

Donc, dissemblance absolue, irrémédiable, opposition complète de ce côté entre l’hystérique, c’est-à-dire le malade, et le possédé.

Cherchons maintenant, dans le tempérament même du sujet, ou dans l’éducation, dans le milieu, les intima ou les circumfusa.

Tandis que nous connaissons si admirablement le tempérament, l’aspect, la physionomie de l’hystérique’ ; tandis que nous avons pu le synthétiser, le concréter, en quelque sorte le photographier ne varietur ; tandis qu’à la vue seulement de l’homme nous avons pu, avec une précision mathématique, nous écrier : « Voilà bien un hystérique », et que nous ne nous sommes pas trompé, que trouvons-nous pour caractérise ? le possédé, pour nous le désigner avec une absolue certitude ? Rien ; et surtout, rien de cette physionomie spéciale, de cet habitus corporis pathognomonique, qui distingue singulièrement l’hystérique entre tous ?… J’ai beau chercher, je ne trouve rien ; et ici encore je me vois obligé de procéder par analogie forcée et de fouiller dans le côté moral et immatériel, dans les passions tristes, ce que je ne trouve pas dans le côté physique et matériel, dans l’état de la santé du sujet.

L’hystérie, bien au contraire, m’a offert, on l’a vu, une symptomatologie nombreuse, abondante, considérable, tumultueuse même, en laquelle les signes s’accumulaient, se pressaient, s’étageaient des uns sur les autres, dans lesquels je n’avais que l’embarras du choix pour ma séméiologie, pour trouver mes caractéristiques. J’ai vu, pas à pas, la névrose s’installer et être en instance d’éclat ; j’ai pu prédire l’heure, la minute précise, la forme même de cet éclat, quelque protéique au premier chef que soit la maladie ; je l’ai, en un mot, diagnostiqué dans son étiologie, son incubation, son évolution ; mais il m’est impossible de me livrer à cette même étude, de disséquer de la même façon la possession. Si je veux quand même un parallèle, des analogies, je serai obligé de dire : « L’homme impie, le protestant forcené, le juif haineux, le païen bestial, c’est-à-dire l’individu dont l’état d’âme peut être à la rigueur comparé à l’état de corps de l’hystérique, celui-là est évidemment une proie facile ou démon et peut devenir possédé, après avoir été obsédé