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Page:Taxil, Hacks, Le Diable au XIXe siècle, Delhomme et Briguet, 1894.djvu/907

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tout d’abord ou non. » Mais rien d’absolu ne ressortira de cette comparaison ni de l’ensemble des faits que j’aurai énoncés ; et c’est là tout ce que j’aurai découvert au point de vue atavique, étiologique, causal primitif ou secondaire, immédiat ou médiat, en ce qui concerne la possession.

La possession n’est donc pas une maladie. Donc, chez le possédé, pas d’atavisme, pas de prédisposition physique, pas de tempérament, rien qui ressorte de l’anatomie ou de la physiologie du sujet, rien de maladif, en un mot.

Aussi, voyons-nous le possédé être indifféremment gros ou gras, ou étique et maigre, jeune ou vieux, homme ou femme, enfant enfin. Tantôt, c’est un fort gaillard de la campagne, d’esprit borné ; une servante ignorante, des champs. Tantôt c’est un subtil, un intelligent, un lettré de la ville. Croyants ou incrédules, sots ou spirituels, tous sont ou peuvent être pris ; le diable ne choisit guère ou fait un choix qui nous échappe et qui est étranger au physique de la créature, sa victime. Il obsède et possède pour des raisons que Dieu seul connaît et que, lui, démon, n’entrevoit que si Dieu le permet. Chez aucun de ceux qu’il prend ou essaie de prendre, l’état de santé n’est une cause déterminante ; cela, il n’est pas un médecin catholique ayant observé divers cas de possession qui ne le dira avec moi, et c’est là le point capital.

Il n’y a pas non plus, chez le possédé, de phénomènes prémonitoires pathologiques ; il n’existe pas pour lui une symptomatologie, qui, lorsqu’elle se manifeste, permette de dire, avec quelque apparence de raison et de certitude : « Cet homme sera possédé tout de suite, dans quelques instants, ou demain », comme on le dit, sans se tromper, d’un hystérique.

On naît névrosé et fatalement hystérique, on ne le devient pas, tandis qu’on devient possédé.

L’hystérique est et reste le même toujours et à toute l’échelle ; nous le connaissons, depuis le pseudo-spirite du genre de Sundström, que j’ai cité, jusqu’à la fille banale et ignorée de nos hôpitaux de névrosés modernes ; nous l’avons déjà côtoyé et désigné, après l’avoir facilement reconnu. C’est toujours le même aspect du malade qui exécute les mêmes jongleries nerveuses naturelles, où rien de supranaturel n’intervient et ne se conçoit ; c’est toujours, par le fait, la même maladie. Bien au contraire, tout est différent dans la possession ; le lecteur l’a déjà compris par les divers exemples officiels, authentiques, déjà énumérés, et je vais à présent le lui faire toucher du doigt. Car, pour combattre efficacement à notre époque l’erreur matérialiste avec laquelle on s’efforce d’aveugler l’humanité, il faut surtout établir scientifiquement ceci, qui est la