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Page:Taxil, Hacks, Le Diable au XIXe siècle, Delhomme et Briguet, 1894.djvu/910

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le monde méprise ses avis ou les oublie, tout va mal. Et tant que le monde sera monde, il en sera ainsi.

Cela prouve que le Saint-Père, que l’Église catholique a la science, non cette science de détail, qui consiste à ergoter sur des mots et que nous autres, pauvres humains, nous pratiquons, mais cette science vaste des ensembles, des synthèses, qui quelquefois, souvent même, défie notre analyse, mais n’en est pas moins, qu’on le veuille ou non, toute la science et la science de tout.

Lorsque l’Église parle, ce n’est pas une parole humaine qu’on écoute, c’est la parole du verbe lui-même qui est Dieu.

Ceux qui osent conclure à l’ignorance de l’Église, — repoussons du pied cette objection, — n’ont même pas lu les œuvres scientifiques des écrivains ecclésiastiques, prêtres ou religieux. S’ils parcouraient le premier catalogue de librairie venu, ils verraient que le clergé, loin de dédaigner les conquêtes du progrès humain, s’y passionne, et que, dans toutes les sciences, ce sont toujours des prêtres que l’on trouve aux premiers rangs.

Je poursuis mon étude, et je reviens au possédé. Chez lui, avons-nous vu, pas d’ancêtres, pas de tempérament nécessaire, pas d’idiosyncrasie, pas de phénomènes prémonitoires, mais invasion brusque, avec ou sans obsession préalable.

Voici, par exemple, un enfant, petit garçon ou petite fille, que rien ne prédisposait la possession. L’enfant est indemne de toute tare pathologique, lorsque tout à coup le diable s’empare de lui. Pourquoi ? Là est le mystère ; nous ignorons les desseins de Dieu, nous ne pouvons approfondir. Médecin, je me borne à constater. Le cas est moins rare qu’on ne le croit.

Un jour, à travers champs, à l’école, même quelquefois à l’église, l’enfant s’arrête tout à coup ; dans ses jeux, son étude, sa prière ; il lui semble que quelque chose d’étrange commence à se passer en lui. Effaré, étonné, il jette autour de lui des regards anxieux ; sa petite tête, blonde ou brune, s’incline comme sous un poids qui vient de la plier, peut-être aussi en signe de désespérance, ou encore de soumission inconsciente à la terrible épreuve permise par Dieu… Qui sait ?

L’enfant, en effet, remarquez-le bien, est surtout naïf. S’il connaît Dieu, c’est à peine s’il connaît le diable ; il en a entendu parler assez peu et comme en passant. Il n’a appris encore que les premiers éléments de l’instruction chrétienne, et il n’a évidemment assisté, ni dans sa famille ni ailleurs, à des dissertations ou des controverses sur la puissance des démons ; du reste, il n’y aurait rien compris.

Chez lui, donc, pas d’idée préconçue, pas de précédent qui puisse