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Page:Taxil, Hacks, Le Diable au XIXe siècle, Delhomme et Briguet, 1894.djvu/935

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dœmone vexatorum et nous fîmes, après en avoir obtenu la permission du père Provincial Fr. Xavier Kappelmayr, l’exorcisation in Satanam et angelos apostatas, telle qu’elle a été édictée par le pape Léon XIII le 19 novembre 1890, et cela souvent ; mais le secours désiré ne fut pas obtenu. À diverses reprises, nous envoyâmes les parents avec l’enfant à la célèbre Église des Pèlerins pour demander la bénédiction du prêtre des pèlerinages. Malgré toutes ses tentatives, le résultat était nul ; le bon Dieu faisait attendre son aide, voulant sans doute manifester avec un éclat particulièrement brillant la force qu’il a donnée sur la terre à ses prêtres.

Le 12 mai 1891, le vénérable évêque Pancrace d’Augsbourg était en visite chez le curé de la ville M. Scheide, à Wemding. Le père du malheureux enfant, ayant en connaissance de cette visite, demanda au vénérable évêque une audience qui lui fut accordée. Dès que le père entra avec son fils dans la salle d’audience, l’évêque, en pleine conscience de sa force et de sa dignité épiscopale, se dirigea vers eux, en disant : « Ce n’est pas moi que tu tromperas, esprit impur ». Néanmoins, les phénomènes étranges ci-dessus mentionnés persistèrent toujours. Quand le vénérable évêque donna la bénédiction, la tenue de l’enfant le convainquit qu’il n’y avait chez celui-ci aucune supercherie ; bien plus, que l’enfant était tourmenté par l’esprit immonde. Il faut ajouter, — point extrêmement important pour les faits ci-dessus signalés dont nous, P. Remigius, vicaire, et P. Aurelian, fûmes les témoins, — il faut ajouter que quelques autres personnes (le père et la mère de l’enfant et d’autres assistants tant de leur pays que de Wemding et des environs), peuvent confirmer ces choses.

Chaque fois que l’enfant devait passer près d’une église ou d’un crucifix, près d’un monument érigé en l’honneur de la mère de Dieu ou de quelque autre saint, arrivé à une distance d’environ trente pas, il devenait d’abord agité et tombait ensuite à terre comme inanimé. On le portait à une distance notable, de l’autre côté de ce monument pieux, et il pouvait dès lors continuer son chemin. En outre, nous avons nous-même, ainsi que des centaines de personnes, fait cette observation : à savoir que cet enfant montrait dans l’église une agitation effroyable, tout à fait étrange, au moment de la transsubstantiation et ne pouvait jamais élever vers l’autel ses yeux qu’il tenait constamment fermés. Ce malheureux resta près de six mois dans cette triste situation. Malgré toutes les prières, son état ne s’améliora en aucune façon ; bien plus, il devint de plus en plus pénible. C’est alors que le père écrivit au vénérable évêque d’Augsbourg pour lui demander l’essai d’un exorcisme solennel. Le 25 juin, il obtint l’autorisation demandée, l’évêque se réservant la liberté de choisir le prêtre qui accomplirait ce lourd devoir. Le père dut s’adresser aux capucins de Wemding en qui l’évêque avait la plus grande confiance. Le vicaire de Durrwangen et celui de Feuchtwangen avaient décliné une si lourde tâche, alléguant tous deux leur jeunesse et leur inexpérience en la matière.

Le 5 juillet, le vénérable vicaire de Durrwangen nous écrivit pour nous demander si nous pouvions entreprendre une exorcisation solennelle. Nous répondîmes par l’affirmative ; mais nous eûmes encore une difficulté à surmonter. Durrwangen appartient au diocèse d’Augsbourg et Wemding à celui d’Eichstætt. Le vénérable évêque ne pouvait nous donner aucune juridiction.