Aller au contenu

Page:Taxil, Révélations complètes sur la franc-maçonnerie, Les frères Trois-Points, 1886, tome 1.djvu/402

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

imposé d’office pour la somme de dix francs destinée au prétendu Tronc Hospitalier (voir page 335) : ensuite, le jour de la réception, il n’existe pas plus de veuve et d’orphelins sur la paille qu’il n’y en a dans le sérail du Grand-Turc ; et la preuve, c’est que le discours, qui sert d’amorce pour prétexter cette petite filouterie, est imprimé dans les Rituels et que le Vénérable le prononce invariablement à chaque initiation.

On termine les épreuves du récipiendaire[1] en donnant la parole aux assistants qui ont des questions à lui adresser. Toutes les questions, même les plus indiscrètes, les moins en situation, celles n’ayant pas l’ombre du sens commun, peuvent être posées. En voici quelques échantillons, entendus dans diverses Loges, et auxquels le Vénérable n’opposa aucune

  1. Lorsqu’il s’agit d’initier plusieurs candidats dans la même séance, on supprime les épreuves qui nécessitent les appareils les plus compliqués ou qui font perdre trop de temps. C’est ainsi que, faisant parte d’une fournée de quatre récipiendaires, j’ai eu la chance d’éviter l’introduction dans la caverne, le sceau maçonnique, la saignée et l’échelle sans fin. Avant l’entrée du temple, on ne m’avait pas donné non plus le spectacle du traître décapité. Par contre j’ai lieu de croire que l’on n’avait rien néglige pour impressionner l’un de mes co-récipiendaires, M. Constantin Velitchkoff ; car, dès avant le premier voyage, il paraissait fort ému, et même, au cours des épreuves, il se trouva mal à deux reprises.
    Quand le candidat-Maçon est seul à se faire initier, il est sûr, excepté s’il est un personnage réellement marquant, de passer par toutes les mauvaises farces que je viens de raconter. Il y a même des Loges qui ne se contentent pas des épreuves réglementaires et qui trouvent à ajouter au Rituel. Sous prétexte que le premier voyage représente les obstacles, les luttes et les déceptions de la vie, on fait cogner au Profane la tête contre une poutre, on lui verse dans le dos un filet d’eau glacée, en même temps qu’on lui ébouillante le genou droit laissé à découvert, etc. Ou bien, soi-disant pour symboliser la discrétion imposée par la Franc-Maçonnerie à ses adeptes, on le mystifie comme voici :
    « Pour être sûrs que vous ne parlerez pas, lui dit-on, nous allons vous couper la langue ; acceptez-vous ? » Le Profane, certain de garder sa langue comme tous les Maçons qu’il connaît, répond