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Page:Taxil, Révélations complètes sur la franc-maçonnerie, Les frères Trois-Points, 1886, tome 2.djvu/231

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généreuses et les philosophes de tous pays. Si tous les peuples obéissaient à ses douces impulsions, la concorde et le bonheur règneraient sur la terre. La Charité est le plus beau mot de toutes les langues humaines : mais l’orgueil sacerdotal l’a dénaturé et l’a, dès sa naissance, banni de la bonne société, en lui donnant un sens dédaigneux et méprisant ; en rendant ce mot synonyme d’aumône, les prêtres en ont affaibli le sens humanitaire. La Charité n’est pas la bienfaisance : la bienfaisance marque uniquement l’art de secourir un malheureux, soit parce qu’on y trouve du plaisir, soit parce que ses souffrances choquent la vue, et cette action ne se rapporte qu’à nous-même ; la Charité, au contraire, exprime une double idée, comme elle fait éprouver une double jouissance, celle de faire le bien et celle de le faire à un être qui nous est cher. Aussi, on s’est encore trompé en qualifiant la Charité de vertu théologale, car « théologal » veut dire « qui a Dieu pour objet » ; or, la Charité n’embrasse que l’humanité, mais l’embrasse tout entière ; elle est donc, sous son synonyme de Fraternité, une vertu éminemment maçonnique et nullement une vertu théologale.

D. Qu’est-ce que la loi maçonnique ? — R. C’est la loi principe, la première, la plus ancienne et la base de toutes nos lois.

D. N’est-elle pas connue sous un autre nom ? — R. Oui, on la nomme la Loi Naturelle.

D. Pourquoi la nomme-t-on ainsi ? — R. Parce qu’elle est native, innée dans l’homme non dépravé.

D. En quoi consiste-t-elle ? — R. Contemporaine des premiers âges, elle fut une réunion de sentiments et de préceptes qui forma le lien moral de la famille et de la communauté sociale ; son souffle inspirateur enfanta l’ordre primitif à l’heureuse époque ou l’homme, né bon, pratiquait la justice, sans le mobile dégradant du châtiment et des récompenses d’un monde futur. Pendant cet âge patriarcal, elle fut la seule lumière de la société humaine, la seule consécration des mœurs et des lois.

D. Mais est-elle donc une religion ? — R. Non. Elle est bien la religion des sages et des personnes vertueuses, parce qu’elle est le flambeau moral et le guide de l’homme qu’elle tend à rendre éclairé par l’esprit, bon par le cœur, juste dans ses actions et parfait dans ses œuvres.

D. Pourquoi ne la nommerait-on pas Religion Naturelle ?