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Page:Taxil, Révélations complètes sur la franc-maçonnerie, Les frères Trois-Points, 1886, tome 2.djvu/286

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déclamer cette imprécation sacrilège, rédigée par le saint Frère :

« Ô Adonaï, dieu maudit, le premier devoir de l’homme intelligent et libre est de te chasser de son esprit et de sa conscience ; car tu es essentiellement hostile à notre nature et nous ne relevons aucunement de ton autorité. Nous arrivons à la science malgré toi, au bien-être malgré toi, à la société malgré toi ; chacun de nos progrès est une victoire dans laquelle nous écrasons ta divinité… Qu’on ne dise plus que tes voies sont impénétrables ! Nous les avons pénétrées, ces voies, et nous y avons lu, en caractères de sang, les preuves de ton impuissance, si ce n’est de ton mauvais vouloir !… Notre raison, longtemps humiliée, s’élève peu à peu au niveau de l’infini ; avec le temps, nous découvrirons tout ce que notre inexpérience nous a jusqu’à présent dérobé ; avec le temps, nous serons de moins en moins artisans de malheur, et, par les lumières que nous aurons acquises, par le perfectionnement de notre liberté, nous nous purifierons, nous idéaliserons notre être, nous deviendrons les chefs de la création, tes égaux !… Un seul instant de désordre, que toi, prétendu tout-puissant, tu n’as pu empêcher, accuse ta Providence et met en défaut ta sagesse ; le moindre progrès que l’homme, ignorant, délaissé, trahi, accomplit vers le bien, l’honore sans mesure… De quel droit nous dirais-tu encore : « Soyez saints, parce que je suis saint ? » Esprit menteur, te répondrons-nous, dieu imbécile, ton règne est fini ; cherche parmi les bêtes d’autres victimes. Nous savons que nous ne sommes et ne pouvons jamais devenir tes saints ; et comment le serais-tu, toi, si nous te ressemblons ? Père Éternel, Adonaï ou Jéhovah, nous avons appris à te connaître : tu es, tu fus, tu seras à jamais le jaloux de l’homme et son tyran… Nous ne tombons point dans le sophisme