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Page:Taxil, Révélations complètes sur la franc-maçonnerie, Les frères Trois-Points, 1886, tome 2.djvu/441

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En France, on a le défaut de beaucoup trop prêter l’oreille aux racontars et aux cancans ; mais on a aussi la qualité de les oublier assez vite, et de juger froidement les événements d’importance dès que le temps les a débarrassés du brouillard des vieilles légendes.

Eh bien ! maintenant, le brouillard qui environnait la mort de Gambetta est dissipé, la légende de l’aventurière jalouse s’est évanouie. L’assassinat reste seul. Et tous les gens de bon sens se disent :

— Si l’assassin avait été une aventurière, son compte aurait été promptement réglé ; les amis de Gambetta l’auraient eux-mêmes et sans pitié livrée à la justice, au lieu de s’opposer de toute leur influence à l’application de la loi. Donc, ce qui a été publié n’a été imaginé que pour cacher au pays un grave et terrible mystère.

Quant à moi, — c’est ici une opinion personnelle que j’émets, — je vois la main de la Franc-Maçonnerie dans l’assassinat de Gambetta.

Objectera-t-on que la secte a assisté aux funérailles du tribun et a accumulé des couronnes sur son cercueil ?

C’est précisément cette exagération de regrets qui est suspecte de la part d’hommes qui venaient, quelques mois auparavant, de renverser Gambetta, et qui ne montraient pour lui que de la haine lorsqu’il était vivant.

Les Maçons, en règle générale, ne se ruinent pas pour enterrer leurs amis. On l’a bien vu aux obsèques des FF∴ Louis Blanc et Victor Hugo, qu’ils proclamaient « les deux plus grands saints de la démocratie du XIXe siècle ». Jamais société réputée pauvre ne se mit si peu en frais ; dans ces deux circonstances, l’Ordre millionnaire se montra au-dessous de la dernière des corporations de chiffonniers.

Et la Maçonnerie aurait, par pure douleur, vidé tous ses Troncs de la Veuve à l’occasion d’un défunt récemment détesté ?