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Page:Taxil - Confessions d'un ex-libre-penseur - 1887 - Letouzey et Ané - 6e édition.djvu/103

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garda passer, sans nous chercher la moindre querelle. On serra les rangs ; ceux qui chantaient se turent ; on se contenta de se tenir en garde, en cas d’attaque, et nous poursuivîmes gentiment notre chemin, en nous abstenant de toute provocation. Je crois que le seigneur lion et nous, de part et d’autre, nous nous considérâmes tout simplement avec curiosité. Quand on fut hors de portée du majestueux personnage, quelques malins émirent l’avis qu’on avait eu tort de ne pas faire usage des chassepots ; mais on les laissa dire.

À Jemmapes, où nous parvînmes assez tard dans la soirée, ce 9 septembre, nous apprîmes que la République venait d’être proclamée en France. Les habitants, parmi lesquels se trouvaient de nombreux proscrits du coup d’état, nous firent une chaleureuse réception. De notre côté, nous n’eûmes qu’une voix pour demander à être ramenés à Philippeville.

Sans doute, des ordres nouveaux avaient été télégraphiés au commandant de la colonne ; car il nous annonça le lendemain matin que la halte projetée n’aurait pas lieu, et qu’on se remettait en route pour le port d’em-