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Page:Taxil - Confessions d'un ex-libre-penseur - 1887 - Letouzey et Ané - 6e édition.djvu/91

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m’expliqua que Gambetta était un habile, qui, ayant affaire à un concurrent redoutable, M. de Lesseps, candidat officiel, gardait certains ménagements pour rallier à lui les orléanistes et les légitimistes. La sortie contre Marat avait pour but de rassurer les nobles et de plaire aux bourgeois.

— Eh bien, et le peuple ? répliquai-je ; est-ce qu’il ne compte pas, lui ? Qu’est-ce donc que ce candidat à deux faces qui, pour flatter les aristocrates et le tiers-état, ne craint pas de mécontenter le peuple ?… Quant à moi, je ne distribuerai pas un bulletin de ce tartufe-là !

En revanche, bien qu’alors encore au lycée, je secondai de toutes mes forces le comité d’Esquiros. À la bonne heure, Esquiros ! Il avait écrit l’Histoire des Montagnards ; il ne traitait pas les révolutionnaires de démagogues, lui au moins ! Aussi, le soir, en revenant du collège, je parcourais les rues de mon quartier et je mettais des bulletins d’Esquiros dans les boîtes aux lettres de toutes les maisons.

En 1870, j’eus encore un bien autre zèle. J’étais indépendant, au moment du plébiscite ; je vivais hors de ma famille et n’avais plus