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Page:Teleny, or The Reverse of the Medal, t. II.djvu/135

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Comment pouvais-je être jaloux, alors qu’il ne m’en a jamais donné le moindre motif. J’avais la clé de sa maison et je pouvais m’y rendre à tout moment du jour ou de la nuit. S’il quittait la ville, je l’accompagnais invariablement. Non, j’étais sûr de son amour, et donc de sa fidélité, car lui aussi avait une foi parfaite en moi.

Il avait cependant un grand défaut : c’était un artiste, et il avait la prodigalité d’un artiste dans la composition de son personnage. Bien qu’il gagnât maintenant de quoi vivre confortablement, ses concerts ne lui permettaient pas encore de vivre comme il le faisait. Je le sermonnais souvent à ce sujet ; il me promettais invariablement de ne pas gaspiller son argent, mais, hélas ! il y avait dans la toile de sa nature un peu du fil dont la maîtresse de mon homonyme, Manon Lescaut, était faite.

Sachant qu’il avait des dettes et qu’il était souvent inquiété par les créanciers, je le suppliai à plusieurs reprises de me confier ses comptes, afin que je puisse régler toutes ses factures et lui permettre de recommencer sa vie. Il ne voulut même pas que je parle d’une telle chose.

« Je me connais, » dit-il « mieux que vous,