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Page:Teleny, or The Reverse of the Medal, t. II.djvu/167

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Son baiser était comme la dernière émanation d’une fleur qui se fane, ou comme le doux parfum répandu à la marée du soir par l’une de ces délicates fleurs blanches de cactus qui ouvrent leurs pétales à l’aube, suivent le soleil dans sa marche diurne, puis s’affaissent et s’évanouissent avec les derniers rayons du soleil.

En me séparant de lui, j’eus l’impression d’être privé de mon âme elle-même. Mon amour était comme une tunique de Nessus, la séparation était aussi douloureuse que si l’on m’arrachait la chair par morceaux. C’était comme si toute joie de vivre m’avait été extirpée.

Je l’ai regardé s’éloigner d’un pas vif et avec une grâce féline. Arrivé au portail, il se retourna. Il était d’une pâleur mortelle et, dans son désespoir, il ressemblait à un homme sur le point de se suicider. Il me fit un dernier signe d’adieu et disparut rapidement.

Le soleil s’est couché sur moi. La nuit était tombée sur le monde. Je me sentais

En enfer et au“comme une âme en retard ;
En enfer et au paradis, sans être mariés[ws 1] ;

et, frissonnant, je me demandais quel matin sortirait de toute cette obscurité ?

  1. Note de Wikisource. Cf. A. C. Swinburne, Poems and Ballads, Le The Garden of Proserpine