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Page:Teleny, or The Reverse of the Medal, t. II.djvu/85

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Tout le monde et personne.

Pendant quelques jours, je fus torturé de manière si incessante que j’avais parfois l’impression de devenir fou. Ma nervosité était telle que j’avais peur de sortir de chez moi de crainte de rencontrer l’auteur de ce billet détestable.

Comme Caïn, j’avais l’impression de porter mon crime écrit sur mon front. Je voyais un rictus sur le visage de chaque homme qui me regardait. Un doigt était sans cesse pointé sur moi ; une voix, suffisamment forte pour que tout le monde l’entende, murmurait : “Le sodomite !”.

En me rendant à mon bureau, j’entendis un homme marcher derrière moi. J’accélérai ; il hâta le pas. Je commençais presque à courir. Tout à coup, une main se posa sur mon épaule. J’étais sur le point de m’évanouir de terreur. À ce moment-là, je m’attendais presque à entendre les mots terribles : “Au nom de la loi, je vous arrête, sodomite”[ws 1].

Le grincement d’une porte me fait frissonner, la vue d’une lettre m’épouvante.

Étais-je en proie à une crise de conscience ? Non, c’était simplement de la peur, une peur abjecte, pas un remords. D’ailleurs, un sodomite n’est-il pas passible d’une condamnation à l’emprisonnement perpétuel ?

  1. Note de Wikisource. Certaines éditions ultérieures insèrent un paragraphe après celui-ci : « But it was only a friend, making some trivial request. », en français : « Mais c’était seulement un ami qui me fit une demande triviale. » (cf éd. Gay sunshin press, 1984 (IA, p. 123).