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Page:Thevet - La France antarctique - Gaffarel, 1878.djvu/17

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américaine, notre Cordelier eut grand soin de ne jamais se mêler aux discussions religieuses, qui compromirent si rapidement les destinées de notre colonie, et même, dès qu’il comprît qu’il allait être forcé de se prononcer, il demanda à regagner la France.

Ce n’était pas en effet aux tournois théologiques que se complaisait Thevet : non pas qu’il ait jamais jeté le froc aux orties, ou qu’il ait témoigné pour la religion une indifférence, que ne comportaient ni sa robe, ni son caractère, mais les voyages l’intéressaient bien autrement. A vrai dire, il ne pouvait tenir en place. Il avait hâte de connaître par lui-même les villes et les pays dont il lisait la description. Ses supérieurs eurent le bon sens d’utiliser cette humeur voyageuse. Au lieu de le confiner dans un de leurs cloîtres, ils lui enjoignirent de courir le monde pour la plus grande gloire de l’ordre : seulement, comme ils n’étaient pas riches, ils l’avertirent qu’ils le soutiendraient de leur influence, mais non de leur bourse.

Thevet ne demandait rien autre chose : Il se mit aussitôt en marche et partit pour l’Italie. Il eut l’heureuse chance d’être présenté à Plaisance au cardinal Jean de Lorraine, et sut lui plaire par sa naïve curiosité. Le cardinal était libéral et généreux. Il résolut de faire un heureux, et fournit à Thevet les moyens de visiter l’Orient. Ce dernier s’embarqua à