Aller au contenu

Page:Thevet - La France antarctique - Gaffarel, 1878.djvu/489

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

hanna[1], en peut auoir autant que bon lui semble. Les filles ne sont desestimées pour auoir seruy à quelques ieunes hommes[2] auât qu’estre mariées ainsi qu’en l’Amerique. Et pource ont certaines loges en leur village, où ils se rencontrent, et communiquêt les hommes auec les femmes, séparez d’auec les ieunes gens, fils et filles. Viduité fort honorée par les femmes de Canada. Les femmes vefues[3] ne se remarient iamais en quelque nombre qu’elles soient après la mort de leur mary : ains viuent en dueil le reste de leur vie, ayans le visage tout noircy de charbon puluerisé auec huyle de poisson : les cheueux tousiours espars sur le visage, sans estre liez ne troussez par derrière, comme portent les autres : et se maintiennent ainsi iusques à la mort. Côme elles traitêt leurs petis enfans. Quant au traitement de leurs petis enfans[4], ils les lient et enue-

  1. C’était le nom d’un des roitelets du pays lors du second voyage de Cartier, mais ce ne fut jamais un titre.
  2. Lescarbot. vi, 13 : « Ils ont une autre coutume fort mauvaise de leurs filles. Car depuis qu’elles sont d’âge d’aller à l’homme, elles sont toutes mises en une maison de bordeau, abandonnées à tout le monde qui en veut, iusques à ce qu’elles ayent trouué leur parti : et tout ce auons veu par expérience. »
  3. On lit en effet dans Cartier : « Depuis que le mari est mort, iamais les femmes ne se remarient, ains font le dueil de ladite mort toute leur vie, et se teindent le visage de charbon pilé et de graisse de l’espesseur d’un couteau, et à cela conoit on qu’elles sont vefues » Pourtant ces usages ne se conservèrent pas toujours au Canada. Nous lisons en effet dans N. Perrot. P. 26 : « Si le mary vient à mourir, la femme ne se peut remarier qu’à celuy qui sera au gré de sa belle-mère, après deux années de deuil, qu’elle observe en se coupant les cheveux, etc. »
  4. N. Perrot. P. 31 : « Cet enfant a pour berceau une planche fort mince qui est ornée vers la teste de rassades ou de grelots,