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Page:Thomen - Les Aventures acrobatiques de Charlot — Charlot aviateur.djvu/26

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“ L’examen physique a parfaitement réussi ! dit le chef pilote à Charlot. Au cours des différentes épreuves, j’ai remarqué que vous aviez de bons réflexes, Vous en avez même à revendre, car vous pouviez briser la cloche de verre sans m’écraser le nez d’un coup de poing… Passons ! Vous allez faire votre premier vol, sous ma direction, en double commande. Voici l’avion-amiral, si j’ose dire, de notre École de Pilotage. C’est celui que je pilote généralement pour deux raisons : d’abord, parce qu’il est parfait, et ensuite parce que nous n’en avons pas d’autres ! » Charlot, muni d’un parachute, fut hissé dans le deuxième baquet de la carlingue du Pigeon — ainsi s’appelait l’avion — derrière son moniteur qui occupait l’autre baquet, Et la randonnée aérienne commença, Charlot s’en désintéressa aussitôt. “ J’ai passé l’âge d’aller à l’école ! répondait-il au pilote qui lui disait ce qu’il devait faire. Puis il bâilla.

Enfin, il sortit de sa poche un numéro de l’As et se mit à le lire, sans plus s’occuper de ce que lui disait son professeur, « Ça, c’est rigolo ! » s’écriait-il, à la lecture d’histoires en images pleines de verve comique. À la fin, le moniteur, vexé de voir le peu de cas que l’on faisait de sa science, prit une résolution insensée, dictée par la colère. Il sortit de son baquet et se précipita dans le vide, en proférant à l’intention de Charlot : « Tant pis pour lui ! Qu’il se débrouille comme il pourra ! » Charlot essaya bien d’empêcher cette évasion, mais il n’y réussit pas. Penché sur le vide, il put voir l’aviateur descendre en parachute et atterrir normalement dans un champ de pissenlits. « Il m’abandonne ! gémit-il, Que vais-je devenir ? À vrai dire, je pourrais descendre en parachute, moi aussi. Cet ustensile se balance dans mon dos et me gêne même passablement, entre parenthèses ! Mais je n’en ai pas le droit. Puisque, par ma faute, l’avion n’a plus de pilote, je dois le ramener à son hangar, Par exemple, comment m’y prendre ? Ça, c’est une autre histoire ! J’avoue que je n’y connais rien.

Du diable si je reconnaîtrais le baromètre du manche à balai ! C’est bien mal fichu, ces machines volantes ! Ça devrait être comme la T. S. F., un simple bouton à tourner… Et puis, décidément, j’aime mieux ne pas toucher a des instruments dont j’ignore l’emploi ! » Alors, Charlot alla s’installer sur le plan Supérieur de l’avion, il mit son mouchoir au bout de sa canne en guise d’S. O. S. et attendit qu’on vienne le dépanner. Naturellement, il aurait pu attendre longtemps. Il n’en eut pus le loisir. L’avion n’étant plus dirigé piqua du nez vers le sol. Il ne tarda pas à l’atteindre. L’atterrissage fut plutôt brusque. Et Charlot vint tomber dans les bras du mécano de l’École de Pilotage. Car l’avion ne s’appelait pas pour rien Le Pigeon. À l’instar des pigeons voyageurs, ses frères du libre espace, il revenait à son pigeonnier, c’est-à-dire à son point de départ.