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Page:Thomen - Les Aventures acrobatiques de Charlot — Charlot aviateur.djvu/52

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Mme Landormie, la maman du petit garçon que Charlot avait sauvé par miracle d’un accident véritable, s’enquit de la situation du sauveteur. « Je n’en ai aucune, chère madame, assura Charlot, Et j’accepterais volontiers celle qui se présenterait : cantonnier, garçon de café, ambassadeur — Voulez-vous être bonne d’enfant ? lui demanda cette dame. — Ma foi, je n’avais jamais songé à cela, mais… je n’y vois aucun inconvénient : » Ce fut ainsi que Charlot fut engagé pour veiller sur Boby Landormie, jeune boy de huit ans, docile, mais étourneau, ce Qui lui procurait l’occasion, malgré sa bonne nature, de faire plus de tours que de miracles, Charlot s’en aperçut dès leur première sortie, Boby, ayant voulu jouer au football dans une rue peu passante, envoya son ballon dans un carreau qui ne résista pas à cette accolade. Le ballon en profita pour aller voir ce qui se passait dans cet appartement où son jeune propriétaire l’envoyait.

Charlot décida de l’aller Chercher. Mais il sonna en vain. Personne ne vint ouvrir, malgré les coups de sonnette répétés et les réclamations de Boby qui demandait son bien sur l’air des Lampions : « Mon ballon ! Mon ballon ! Mon ballon ! — Je le vois, ton ballon, assurait Charlot. Il est là, au milieu de la pièce, Ma toi, tant pis ! Puisqu’on ne m’ouvre pas je vais le chercher ! » Charlot ôta les morceaux de verre qui restaient du carreau et il entra dans la maison par cette ouverture. Aussitôt, il se trouva en présence du locataire que le bruit avait réveillé de sa sieste. Une discussion violente mit les deux hommes aux prises, le locataire s’insurgeant contre cette violation de domicile et Charlot réclamant le bien de Boby, en sa qualité de nurse. « Ce ballon, je le confisque ! rugit le locataire. Tout ce qui est chez moi est à moi ! Possession vaut titre. Mieux vaut tenir que courir… »

Mais, pendant que ce monsieur mal éveillé débitait ses proverbes, Charlot s’était emparé du foot, l’avait jeté à Boby et était sorti de l’appartement par où il était entré. Le ballon avait été crevé par un éclat de verre. Boby s’empressa d’aller le remplir d’eau à une fontaine proche. À quel mobile obéissait-il ? N’était-ce pas plutôt Charlot qui lui avait prestement soufflé une idée diabolique, une dernière occasion pour s’amuser encore une fois avec ce jouet hors d’usage ? Toujours est-il que Boby vint placer le ballon sous la fenêtre. À ce moment, le locataire regardait justement à la fenêtre, à l’endroit du carreau cassé. En voyant le foot presque à portée de sa main, il se mit à ricaner. Puis, passant tout le buste par l’ouverture béante, il tomba les paumes en avant sur le ballon. L’eau que contenait celui-ci lui gicla au visage et produisit sur sa colère un effet apaisant, On s’expliqua. Au nom de Mme Landormie, sa patronne, Charlot paya le carreau cassé. Et l’on se quitta bons amis.

FIN
R. Thomen.