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Page:Tinayre - Figures dans la nuit.pdf/10

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Cependant, trois cavaliers s’en allaient vers Larissa, par la route consumée en poussière blanche. La fièvre de la soif les dévorait, car leurs gourdes étaient vides et il n’y avait aux environs que des ruisseaux desséchés et des fontaines taries. Le plus jeune, beau garçon à la tête dorée sous le pétase, s’appelait Machatès, fils de Criton, Athénien, et voyageait pour des affaires de famille. Les deux autres n’étaient que de grossiers maquignons béotiens qui se rendaient à la foire de Larissa. Ils avaient rencontré Machatès dans une auberge de la montagne et lui avaient demandé l’honneur de sa compagnie, parce qu’étant déjà vieux, ils redoutaient les vampires et les brigands, fléaux communs en Thessalie. Et Machatès avait répondu qu’il ne craignait rien, ni dans ce monde-ci ni dans l’autre monde, ce qui avait grandement scandalisé la femme de l’aubergiste. Tout en récurant ses chaudrons, elle avait dit :

– Voilà un jeune coq bien insolent et qui porte bien haut sa crête ! Qu’on n’ait peur de rien, en ce monde-ci, c’est bravoure ! Au regard de l’autre, monde, par les Grandes Déesses, c’est jactance impiété, surtout