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Page:Tinayre - Figures dans la nuit.pdf/11

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quand on va dans cette Thessalie qui est le pays des sorcières.

Machatès n’avait fait que rire de ces paroles. Il ne craignait rien parce qu’il ne croyait à rien, ayant trop lu, et dans un âge trop tendre, les romans de Lucien de Samosate qui était le sophiste à la mode, depuis qu’il avait donné des conférences dans les principales villes d’Achaïe.

Les maquignons, à la fois troublés et rassurés par cette humeur athénienne, suivaient de confiance le garçon qui n’avait peur de rien, mais, souvent, par prudence, ils prononçaient tout bas des formules conjuratoires, car ils redoutaient les dieux qui punissent les fanfarons.

Maintenant, ils ne pensaient plus à ces discussions philosophiques, et presque morts de soif, chancelant sur le cou de leur monture, respirant avec douleur l’âcre poussière qui brûlait leurs yeux, ils désespéraient d’atteindre Larissa avant la nuit.

— Je propose, dit Machatès, de nous arrêter et de dormir en rêvant d’eau fraîche et de bon vin. Si nous n’arrivons pas ce soir, à Larissa, nous coucherons au prochain village.