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Page:Tinayre - Figures dans la nuit.pdf/105

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SOSIPATRA ET LA COURTISANE

Sosipatra ne pouvait prononcer un seul mot. Elle entendait comme le ressac de la marée dans sa tête douloureuse, et elle s’étonnait de haïr tout à coup cette blonde Jacinthe que Philométor avait tenue dans ses bras.

Enfin, elle se ressaisit et remercia froidement la courtisane qui la reconduisait jusqu’au seuil du vestibule, et lui cria, de loin, pour adieu :

– Dis à ton amie qu’elle s’en saoule, qu’elle s’en saoule !…

Oh ! comme à grands pas, presque courant, enveloppée de son voile sombre, Sosipatra fuyait la maison de volupté ! Le conseil cynique la poursuivait, s’agrippait à elle, ainsi qu’un chien mordant sa robe. Elle arriva chez elle, où Maxime l’attendait, assis dans la salle des conférences, entre les bustes d’Hermès et de Platon. Dès qu’il la vit, sans lui laisser le temps de parler :

– Sosipatra ! s’écria-t-il, je t’apporte une bonne nouvelle. Je viens de découvrir une formule cabalistique si merveilleuse que ton indigne cousin n’y résistera pas. Cette nuit même, nous monterons sur la terrasse. Au lever de la lune, nous allumerons du feu