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Page:Tinayre - Figures dans la nuit.pdf/104

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FIGURES DANS LA NUIT

Philométor, il n’a pas d’autres enchantements que ses yeux noirs, sa belle taille, sa parole enjôleuse, toute sa personne qui est faite pour l’amour. En disant qu’il m’avait ensorcelée, je rendais hommage à la beauté qui est l’Enchanteresse suprême, et ton amie lui rend le même hommage, puisqu’elle est tout bonnement, comme je l’étais, amoureuse.

– Amoureuse !

– Tu ne t’en doutais pas, toi qui prétends lire dans l’avenir, et qui ne sais pas lire dans le cœur d’une femme ?… Qu’as-tu donc fait de ta jeunesse et de ton corps délicieux pour ignorer ce que sait la dernière des servantes ? Et tu voulais me dire la bonne aventure ! Pauvre innocente ! Je t’en dispense volontiers. C’est moi qui te donnerai, gratuitement, un conseil pour ton amie. L’amour est une maladie cruelle. On en peut mourir, mais, si l’on veut guérir, on guérit toujours, soit par le remède qu’apporte le temps, soit par la satiété, le dégoût et le changement. Ton amie désire Philométor ? Qu’elle s’en saoule donc, et le quitte, elle, la première ! Elle n’aura pas la moindre tristesse, et je t’assure qu’elle sera désensorcelée à jamais.