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Page:Tinayre - Figures dans la nuit.pdf/12

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Sans attendre le consentement des maquignons, il mit pied à terre.

Les deux Béotiens l’imitèrent et comme ils cherchaient, du regard, un endroit ombragé pour s’y étendre, ils aperçurent au bord de la route, un grand tombeau de marbre à coupole, flanqué de trois cyprès.

— Voyez, mes camarades, dit l’Athénien, cette bande d’ombre que projette le mur de marbre sera tout à fait propice pour notre sieste de midi.

Les maquignons répondirent que le voisinage des tombeaux porte malheur et qu’ils craignaient de se souiller en approchant un cadavre.

— Alors, répondit Machatès, restez purs et crevez de soif sous le soleil. Pour moi, les morts m’effraient beaucoup moins que certains vivants de ma connaissance. Un corps sans âme ne sent rien et ne peut rien ; et quant à l’âme sans corps, nul ne l’a jamais vue. D’ailleurs, je ne demande qu’à la voir, car j’aime à m’instruire et je serais fort curieux de m’entretenir avec un revenant.

— Homme abominable, commenta le plus vieux des Béotiens, si Perséphone t’écoute…

Il usait vainement sa salive, car l’impie