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Page:Tinayre - Figures dans la nuit.pdf/122

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FIGURES DANS LA NUIT

après le Calvaire, et dès que tu auras la force de gravir la pente rude, nous irons, en pèlerinage, baiser la pierre sacrée où le Petit Pauvre d’Assise posa ses genoux…

Ainsi madame Lucrèce nourrissait son fils dans l’amour du Séraphique qui avait paru, en cette même province, soixante ans plus tôt, venant de la verte Ombrie. Elle racontait sa vie plus fleurie de miracles qu’un rosier de roses : comment il parlait aux oisillons, à la cigale, à l’eau limpide, à la claire lune, au brillant soleil, ayant un cœur tendre pour toutes les créatures de Dieu. Duccio écoutait la louange de celui qui fit de son corps et de son âme le miroir de Jésus crucifié ; mais souvent, l’histoire merveilleuse, qui ne lui était plus nouvelle, n’empêchait point l’esprit enfantin de s’évader. Et Duccio suivait du regard, sur la route nouée à la colline, un parti de cavaliers trottant, ou quelques filles de Ponte-a-Poppi, juponnées de rouge et pareilles à de tout petits pavots effeuillés.