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Page:Tinayre - Figures dans la nuit.pdf/144

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FIGURES DANS LA NUIT

précieux. Reviendrait-elle jamais en Italie ? Peut-être, à cette heure, était-elle captive des Barbaresques et sultane chez les infidèles… La femme, en achevant son récit, devina la fureur de Duccio et se mit à rire. Dans sa rage, il la prit aux cheveux et l’assomma de coups.

L’Orsette était perdue pour lui. Il le savait. Désormais, il abandonna la vaine quête, mais non point ses habitudes de débauche, et il continua de fréquenter les mauvais lieux. Cette existence dissolue ne l’empêchait pas d’être un beau seigneur selon le goût du monde, courtois dans les chambres des dames, soldat gaillard et fidèle ami. Ce fut par amitié pour Buoncontre de Montefeltre qu’il se jeta dans le parti gibelin. L’évêque d’Arezzo, Guillaume Ubertini, qui avait l’âme d’un guerrier plus que d’un prêtre, ne voulut voir en Duccio que le guerrier. Ils combattirent, flanc contre flanc, à Campaldino ; et quand la fortune tourna du côté des Florentins, et que Guido Novello, trahissant ses alliés, déserta le champ de bataille et se retira dans la citadelle de Poppi, Duccio demeura ferme parmi les Gibelins en déroute. Trois fois, il sauva le vieil évêque saignant par dix blessures. Blessé lui-même,