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FIGURES DANS LA NUIT

longtemps erré par les mauvaises routes, avant de trouver Dieu.

– Et moi ! s’écria Duccio, et moi ! Je l’avais trouvé dès mon enfance. Ma mère mourante m’avait donné à saint François comme un agneau pour son bercail.

Des larmes coulèrent sur ses joues brûlées de fièvre.

– Ô sainte montagne de la Verne ! ô chapelle des Stigmates, où chaque jour et chaque nuit j’allais prier ! Hélas ! Je ne vous reverrai plus. Une femme a traversé le chemin que je suivais, sur les pas du Séraphique. Pour chercher cette femme, j’ai quitté la robe de bure et le cilice ; et jamais je ne l’ai rencontrée, mais je suis devenu impie, blasphémateur, luxurieux et meurtrier.

La Pénitente se redressa et, soutenant le blessé comme une mère son enfant, elle lui dit :

– Regarde devant toi, mon frère !

Elle désignait l’immense étendue des vallées et des montagnes qui se déroulaient à l’horizon du côté du soleil levant. Derrière une haute chaîne bleue, striée de neige, le ciel se dorait comme un plateau d’autel et de grands rayons semblaient jaillir d’une blessure vermeille. Plus bas, dans la conque ravinée