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Page:Tinayre - Figures dans la nuit.pdf/173

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LA SIRÈNE DE KERDREN

candide que celui d’un petit garçon, avec ses yeux bruns à la fleur de la tête, ses bonnes joues vermeilles, son nez un peu gros, sa bouche un peu grande, la fossette de son menton. Les cheveux châtains, noués sur la nuque par un vieux ruban, gardaient quelque trace de poudre.

— Eh bien, monsieur, devant que le repas soit prêt, — pauvre repas, triste chère ! — vous me direz ce qui me vaut le plaisir de vous recevoir. Je présume qu’il s’agit de minéralogie, car nous aimons tous deux cette belle science. Les cailloux sont moins durs que les cœurs des hommes.

Il offrit un siège à Mazurier, sous le manteau de la cheminée gothique où croulait un tas de braise, puis il jeta deux bûches dans l’âtre. Des flammes pétillantes montèrent. Leurs rougeâtres lueurs firent jaunir les petites lumières d’un candélabre à deux branches posé sur une table en chêne noirci. Les solives du plafond, la pierre des murs, tendue, jusqu’à hauteur d’homme, d’une tapisserie de Bergame, jadis verte, mais décolorée par l’humidité, sortirent de l’ombre. La salle basse de Kerdren était si longue que ses extrémités se perdaient dans les ténèbres. Elle était dallée,