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Page:Tinayre - Figures dans la nuit.pdf/216

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FIGURES DANS LA NUIT

Corentin servait le potage dans la soupière d’étain. Le feu pétillait. Un soleil d’hiver, blanc d’argent, riait aux vitres où restait un peu de givre.

Dans la froide clarté du jour, la Sirène, scellée au mur, perdait de sa beauté maléfique. Ce n’était plus qu’une poupée de bois, informe, déteinte et dédorée.

— Avez-vous eu quelque ennui avec les représentants en mission ? Ils s’agitent beaucoup et parlent davantage, mais la minéralogie n’est point leur fait.

— Citoyen, dit Mazurier, vous m’avez conté une histoire qui sent la magie. À mon tour de vous en conter une, non moins saugrenue, et que vous aurez peine à croire… Ce même jour que j’étais à Huelgoat, venant de Kerdren, au vu et au su de tous les directeurs, ingénieurs et ouvriers de la mine… ce même jour, on prétend m’avoir vu à Morlaix ! Oui, citoyen, moi-même, vêtu de mes propres habits, dont on me fit exactement la description, portant avec moi ma boîte que j’ouvris, paraît-il, en présence du citoyen Jacquin, membre de la Société populaire de Morlaix. On ajoute que je montrai mes sauf-conduits et que je m’en fus étudier les envi-