Page:Tinayre - Figures dans la nuit.pdf/22

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

qui aboient dans la cour des fermes, aux paysans effarés qui tirent leurs verrous et touchent les amulettes préservatrices des vampires. Tout ce que l’on raconte sur la Thessalie, terre des enchantements, lui revenait à la mémoire : magiciennes, philtres d’amour, cadavres ressuscités, miroirs magiques, tout cela dont il avait tant ri, obsédait son imagination. Il sentit que son pouls battait plus fort que de coutume, et il s’avisa qu’il avait dû se refroidir, en dormant sur le marbre du tombeau. La plus petite fièvre trouble l’esprit le plus solide. Machatès se moqua de lui-même et tâcha de s’endormir.

Mais il ne trouva point l’apaisement. Il éprouvait une angoisse singulière. Il était comme l’aimant de Magnésie qui attire le fer, et il sentait qu’une Chose invisible, appelée par la puissance cachée en lui, se déplaçait et se rapprochait pour le joindre. À chaque instant, la distance diminuait entre Machatès et la Chose, et l’attraction torturante s’accroissait. Le cœur dans la poitrine, le sang dans les veines, le cerveau sous le front, éprouvaient l’effet d’une force inexplicable, comme si Machatès voulait échapper