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Page:Tinayre - Figures dans la nuit.pdf/242

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FIGURES DANS LA NUIT

jour-là, pourtant, il allait vite, fuyant le soleil et désireux de la fraîcheur que dispense l’ombre dans l’étroite faille montante des Quatre-Vingts. Mais une des croisées s’entre-bâilla soudain et une servante âgée, vêtue, comme une nonne, d’une robe noire et d’un fichu blanc, avança sa tête abritée par un petit bonnet tout uni.

— Hé ! cria-t-elle. Hé !… Bonnefont !

Le savetier s’arrêta.

— C’est moi que vous appelez, Lionardoune ? dit-il poliment. À votre service.

— Veux-tu monter chez nous ?

— Bien volontiers.

Il attendit que la bonne femme lui ouvrit la porte.

— J’étais là-haut à ranger du linge, quand je t’ai vu sur la place, fit-elle, et je me suis dit : « Il y a de l’ouvrage pour Bonnefont, toutes les chaussures du grand coffre de la chambre peinte… » Il faut que je t’explique la chose, mon pauvre ! Monsieur Sage — il est à Brive avec sa famille — m’a commandé de mettre de côté les vieux souliers que je trouverai — il sait que je pratique l’ordre et l’économie, comme dans l’ancien temps, car cela n’est plus à la mode de la jeunesse, —