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Page:Tinayre - Figures dans la nuit.pdf/250

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FIGURES DANS LA NUIT

fenêtres encadrées par des moulures. D’autres superposaient plusieurs galeries couvertes, pavoisées de linges étendus sur des cordes. Leurs grandes lucarnes, qui se découpaient bizarrement, abritaient des pots de fleurs et des cages d’oiseaux. Au rez-de-chaussée de ces maisons nobles ou bourgeoises, s’ouvraient les baies larges et surbaissées des boutiques. Les ouvriers à leur établi, les marchands à leur comptoir, entendant le clic-clac irrégulier des sabots, reconnaissaient la démarche de Bonnefont. Ils jetaient un coup d’œil vers le bonhomme et plaisantaient en patois.

Bounefount, qué portas-ti ?

Le savetier remontait, d’un mouvement brusque, le sac démesuré qui, pour tous les gens de Tulle, était inséparable de sa burlesque personne, et il lançait quelque mot bien gras, dans un rire d’enfant, pour réjouir les questionneurs.

Tout en haut de la ruelle, sur la place de la Prison — ci-devant place de la Bride — il entra chez un bourrelier qui lui fournissait d’excellent cuir : puis, à travers les rues déclives, pavées de cailloux pointus, il gagna la rue de la Beylie où les Peuch avaient leur boutique.