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Page:Tinayre - Figures dans la nuit.pdf/251

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SAINT JEAN LIBÉRATEUR

Cette boutique, qui commandait une petite forge, était si noire qu’une lampe y brûlait toujours, sur le mur du fond. Jadis, cette lampe éclairait, de sa lueur fumeuse, une statuette de la Vierge, grossièrement taillée et peinte, mais la Vierge avait été remplacée par un buste de Marat, don de l’ex-abbé Jumel à ses amis, les parents de Catherine, les « vaillants Cyclopes ».

Des boîtes et des sébiles, disposées sur une table, contenaient des clous de toutes sortes, classés par espèce et par taille.

Le père et la mère Peuch étaient allés voir un de leurs cousins à Laguenne, et les deux fils travaillaient à la manufacture. La seule gardienne de la boutique, c’était la jolie Catherine, dite Catissou, qui raccommodait du linge, assise dans un large fauteuil paillé.

Elle sourit à Bonnefont qui s’était arrêté sur le seuil.

– Que veux-tu ? demanda-t-elle, et elle piqua son aiguille dans sa coiffe, près de la cocarde aux trois couleurs.

– Un cent de clous, pareils aux derniers que je pris.

– Attends donc. Je te vais servir.