Aller au contenu

Page:Tinayre - Figures dans la nuit.pdf/253

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
245
SAINT JEAN LIBÉRATEUR

— Je devine ! Ne sera-ce point la fête de sainte Raison ?

— C’est le nom que monsieur Jumel a dit, en m’apportant les cadeaux…

— Tu connais cette sainte-là ?

— Guère, mais je sais que c’est la patronne des républicains.

— Et que sera la fête ? Un défilé d’ânes déguisés en prêtres et de galapians qui brailleront la Carmagnole, comme on le vit, aux dernières Pâques ?

— Non, dit la Catherine, dont les yeux noirs brillèrent. Une vraie procession où personne ne rira. Il y aura les représentants de la Corrèze, les membres des Clubes, tout le monde, enfin, saut les aristocrates… Et l’on jettera des fleurs, et l’on allumera des cierges sur l’autel, et des petits drolles, habillés de rouge, lanceront les encensoirs devant la sainte…

— Où la prendra-t-on, la sainte ?

Catherine Peuch hésita un peu.

— Ce ne sera pas une statue peinte, mais bien une fille vivante. Elle aura une robe blanche, une ceinture tricolore, un bonnet rouge, et elle sera assise sur une montagne.

— Une fille vivante ?