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Page:Tinayre - Figures dans la nuit.pdf/252

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FIGURES DANS LA NUIT

— Merci, ma mie. Maintenant, je m’en vais chez moi.

— Avec ton gros sac ? Je te plains, mon pauvre !

— Mon sac et moi ne faisons qu’un. Mais dis-moi, Catissou, quel saint vas-tu fêter ? Coiffe à dentelle et devantail de soie ! Jamais ta mère ne porta de tels atours.

— Sa fille les porte, maintenant qu’on est tous égaux, et les comtesses vont en cotillon de futaine.

— Mais alors, on n’est pas tous égaux ?

— Té ! chacun son tour d’être riche !

— Et moi qui suis si las d’être mal fait ! Ce serait bien mon tour d’être joli garçon, cependant que ton frère, qui est grand et dru, porterait ma bosse, au nom de l’égalité.

— Tu es bête, mon pauvre !

— Et c’est avec ton aiguille que tu as gagné ce superbe devantail et cette précieuse coiffe ?

— Quelqu’un me les a donnés.

— Oh ! Oh !

— Pour la grande procession.

— Puisqu’il n’y a plus de Lunade…

— Mais il y aura une autre procession qui remplacera la Lunade chaque année.