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Page:Tinayre - Figures dans la nuit.pdf/83

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SOSIPATRA ET LA COURTISANE

une mère, une philosophe, ne pouvoir supporter un cheveu blanc ! Quelle faiblesse dans une âme forte !

EUSTOKHIE.

Ô femme ! tu es toujours femme !

MÉLITTA.

Sosipatra ne croyait plus l’être, sinon par la tendre maternité. Pourtant, elle fut étonnée de vieillir et se regarda plus souvent au miroir, avec une inquiétude naïve. Jusque-là, elle n’avait pas eu l’orgueil de sa beauté. Ce fut la crainte de devenir laide qui lui apprit combien elle était jolie encore, malgré ses trente ans.

Et ce fut vers ce même temps qu’elle reçut, dans son école, un nouveau disciple. À vrai dire, c’était moins un élève qu’un dilettante, amateur de philosophie par caprice, comme il était amateur de vases myrrhins et de chevaux. On l’appelait Philométor. Il était petit-cousin de Sosipatra, et s’autorisait de cette parenté pour venir très souvent chez la femme illustre, honneur de sa famille. Ce Philométor, qui se lia bientôt d’amitié avec le plus brillant disciple de Sosipatra, le philosophe Maxime, n’était pas extrêmement intel-