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SOSIPATRA ET LA COURTISANE

égyptien, source de notre prospérité ? Il y a de la jalousie dans ces sourcils noirs.

– Sotte ! fit Jacinthe, l’Égyptien est veuf, j’en suis sûre. Pour ce qui est de la jalousie, tu as raison, mais n’importe ! Cette femme n’a pas de mauvais desseins…

Et tout haut :

– Viens, viens, ma colombe ! Nous serons très bien dans ma chambre.

Et elle entraîna doucement Sosipatra.

Les voilà donc, la philosophe et la courtisane, dans la chambre de Jacinthe, temple de volupté, tout orné de galantes peintures, odorant le nard syrien et l’ambre persique, baigné d’un crépuscule bleu comme les grottes de la mer. Sosipatra s’assit sur un amas de coussins, à côté de la blonde Jacinthe. Elle regarda le lit aux matelas pourpres, la lampe à trois pieds soutenue par un Satyre obscène, les miroirs, les tapis, et des peintures murales bien extraordinaires, en vérité, car la chaste Sosipatra, du premier coup d’œil, ne comprit pas, mais pas du tout, ce qu’elles représentaient. Ainsi un écolier, connaissant à peine les règles élémentaires du calcul, s’étonne devant un savant traité de géométrie.