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Page:Tinayre - Figures dans la nuit.pdf/98

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FIGURES DANS LA NUIT

– Eh ! bien, ma chère, ce grand secret ? dit Jacinthe.

Elle déplissait, du bout des doigts, sa robe de lin violet, levait les bras, tortillait ses cheveux humides, penchait la tête, caressait de sa joue la rondeur de son épaule nue. Et chacun de ses mouvements créait une femme nouvelle.

– Jacinthe, dit Sosipatra, je sais que tu es bonne autant que jolie, et je viens te demander secours, non pour moi, mais pour une amie très affligée.

– Elle a perdu son amant et elle veut vendre ses bijoux ?… J’ai passé par là… On croit mourir de chagrin… et, si l’on a un peu de patience, on se console…

– Ce n’est pas le cas de mon amie. Cependant, tu as fait, toi aussi, l’expérience du mal dont elle souffre.

– Que veux-tu dire ?

– Mon amie est ensorcelée, comme tu le fus, paraît-il, et par le même enchanteur.

Jacinthe écarquilla ses beaux yeux.

– Ensorcelée, moi ?

– De ton propre aveu, tu as subi l’effet d’un maléfice… Toute la ville le sait, et tu ne t’en cachais pas, l’an dernier…