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Page:Tinayre - La Rancon.djvu/117

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— Alors, elle a quarante ans maintenant. Elle doit être vieille, fanée, flétrie à faire peur…

Étienne riait de ce triomphe féroce de la jeunesse.

— Méchante ! Vous la détestez donc bien ?

— Ah ! disait Jacqueline en prenant la tête d’Étienne entre ses mains, elle a baisé ces yeux, ces cheveux, cette bouche… Vous l’avez aimée… Comment pourrais-je ne pas la haïr ?

Il lui fermait la bouche avec des baisers. Elle se débattait, sérieuse, irritée :

— Laissez-moi dire… Je veux que vous m’entendiez… Je hais toutes les femmes que vous avez aimées, possédées, désirées… Et je hais celle-là, parce qu’elle a été pour vous ce que je ne serai jamais.

— Vous êtes l’incomparable amie.

— Quel homme hésiterait à préférer une maitresse ordinaire à une amie incomparable ? Votre brutalité, votre sensualité…

— Votre… votre… Vous ne parlez pas pour moi, je pense. Quelle petite créature injuste vous êtes.

Elle appuyait sa tête câline sur l’épaule de Chartrain.

— Étienne, ami chéri, me serez-vous fidèle ?