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Page:Tinayre - La Rancon.djvu/116

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— Mais je ne cherche pas à la revoir. Elle m’est tout à fait indifférente.

Jacqueline restait songeuse, et tout à coup :

— Jurez-moi que vous serez sincère. Je vais vous poser une question.

— Cher petit magistrat, cher petit commissaire de police, je suis prêt à jurer tout ce qu’il vous plaira.

Elle lui demandait alors, avec une anxiété que Chartrain trouvait puérile et dont il était touché parfois :

— N’est-ce pas, cette Jeanne… elle était beaucoup plus jolie que moi ?

— Enfant ! Vous êtes cent fois plus belle, puisque je vous aime.

— Vous ne répondez pas.

— Puis-je répondre autrement ? Je ne suis pas bon juge, moi. Je ne sais si vous êtes belle : je sais que je vous aime.

Le lendemain, Jacqueline reprenait :

— Quel âge avait-elle, votre Jeanne, au temps de vos amours ?

— Dame !… je ne sais guère… j’ai oublié… Trente-deux ans environ…

— Et cela se passait ?

— Il y a huit ans, huit siècles.