Aller au contenu

Page:Tinayre - La Rancon.djvu/137

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

vous mon amour des plus nobles choses, et c’est avec le meilleur de mon âme que j’ai commencé de vous aimer. Pouvions-nous échapper à la loi qui condamne à s’unir ceux qui s’aiment, et consentir à ne point mettre tout l’amour dans l’amour ? Je ne sais ce qui fût advenu si j’étais autre, si mon âme s’était trempée comme la vôtre dans l’habitude du sacrifice et la pratique du devoir. Il me semble que vous ne pouviez me résister et que je ne pouvais lutter contre moi-même. Prenez-moi donc telle que je suis, et que la grandeur de notre passion, que votre sincérité, que ma fidélité nous soient une espèce d’excuse. Il faut que vous soyez heureux, après les années de solitude et de détresse, en vous réjouissant enfin d’avoir vécu. Votre pauvre Line sera tout ce que vous voudrez, sœur, amie, maîtresse, tout ce qu’une femme peut être pour un homme. Elle revendique la responsabilité de ses actes, comme elle en revendiquerait, à elle seule, le châtiment… Mais ne pensons pas à l’avenir. Le présent nous appartient. Je vous aime et je vous verrai demain.

» JACQUELINE. »


Jacqueline resta pensive, le front dans ses mains, relisant cette lettre qui trahissait, en les