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Page:Tinayre - La Rancon.djvu/20

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rence… Chartrain, s’il aimait une femme, aurait une confiance plus attentive, une tendresse plus facilement alarmée…

Quelle différence entre ces deux hommes, entre cet amour et cette amitié qui, depuis quelques années, enveloppent et défendent la jeunesse de Jacqueline !

Paul est un si bon garçon ! Il est si amusant, si facile à vivre, si heureux de voir le beau côté des gens ! Tout à fait dénué de vice, malgré ses contes libertins, faussement sceptique et très sentimental à ses heures, comme un vrai gamin de Paris, il ne prend rien au sérieux, pas même le mariage… Sa paresse incurable le sauve des passions, et il n’a, en toutes circonstances, que de gentils sentiments… La gentillesse ! Ce mot résume les qualités physiques et morales de Paul. Il n’est pas beau, il n’est pas sublime, il n’est pas savant, il n’est pas original, mais il est gentil.

Il s’est marié gentiment, avec Jacqueline Aubryot, qui était une gentille petite jeune fille, et leur gentil ménage est pareil à tous les gentils ménages de leur monde, demi-artiste et demi-bourgeois. Mais Jacqueline sent, obscurément, qu’elle a une autre ardeur, une autre avidité de tout connaître, de tout comprendre, et que sa