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Page:Tinayre - La Rancon.djvu/275

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— Ne l’as-tu pas souhaité toi-même ? Mais tu le redoutes, maintenant, tu m’aimes moins.

— Un enfant de nous ! Dieu sait si je l’ai désiré. Mais tu te récriais quand je parlais de mon rêve.

— Je voudrais qu’il se réalisât, oui, maintenant… Entends-tu, reprit-il avec une sorte de violence, je le voudrais. Tu ne pourrais plus me rejeter de ta vie. L’enfant t’attacherait à moi pour toujours.

— Est-il besoin de l’enfant pour nous unir ? Que crains-tu donc, mon Étienne ? Peux-tu douter de ton amie en ce moment si doux, si délicieux ?

Il secoua la tête.

— Hélas ! je suis fou, ma pauvre Line. C’est la frayeur de te perdre qui me fait déraisonner ainsi.

— Chut ! dit-elle en lui posant sa main fraîche sur la bouche. Ne pourrons-nous être heureux une journée entière ? Celle-ci finira donc, comme tant d’autres, par des reproches et des pleurs ?

— Chérie, mesure tes forces. Ne confonds pas l’amour et la pitié. Si le joug te pèse…

— Le joug m’est doux et léger, dit-elle, sincère à cette minute.