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Page:Tinayre - La Rancon.djvu/296

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Il prit dans la poche de son pardessus une enveloppe épaisse et longue :

— Chartrain m’a chargé de vous remettre ceci… personnellement. Vous savez, les renseignements qu’il vous a promis sur Biskra.

— Ah ! oui… oui…, murmura-t-elle, déconcertée…

Elle prit la lettre et la posa sur le piano. Les clairs yeux bleus de Moritz, fixés sur elle, semblaient dire : « Ne craignez rien. Je ne soupçonne rien et ne veux rien savoir… »

Elle balbutia :

— Je vous remercie… Et… dites-moi… comment avez-vous trouvé Chartrain ?

— Triste et sage, répondit le peintre en souriant. Il m’a annoncé son intention de se remettre au travail.

— Bien ! fit Jacqueline.

Elle ne pouvait dissimuler son trouble. Debout, fébrile, tantôt appuyée au piano, tantôt accoudée à la cheminée, tantôt sur le divan, tourmentant les franges d’un coussin, elle dépensait en menues actions une surexcitation d’autant plus violente qu’elle était plus comprimée. Moritz suivait sans rien dire les péripéties devinées du drame moral qui allait se dénouer tout à l’heure