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Page:Tinayre - La Rancon.djvu/299

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ment interrogé mon cœur. Que te dire, Line adorée ? Je reste attendri et désespéré en pensant à ces miracles de dévouement, à cette sollicitude jamais lasse, à cette divine simplicité de ton amour. Quels bonheurs ne m’as-tu pas donnés ? Je te remercie à genoux, avec des baisers et des larmes, de n’avoir rien épargné, rien refusé de toi-même, d’avoir été plus que l’amie, plus que la sœur, plus que l’amante, celle qu’on cherche toute la vie et qu’on ne trouve pas deux fois.

» J’ai passé ces tristes jours enfermé chez moi, dans ma chambre, à relire les chères lettres qui racontent si bien nos cœurs. Tu ne les oublieras pas, nos promenades, nos premières intimités, ces émotions âpres et douces, ces joies, ces querelles, ces réconciliations… Ah ! Jacqueline, tant de liens nous unissent que ni le temps, ni l’absence ne prévaudront contre ces mystérieux échanges qui fondent en une âme unique la double vie des amants. Nous n’avons eu qu’une pensée, qu’une volonté ; nous avons créé en nous la fraternité des esprits, et ce miracle, à travers bien des maux et des douleurs, se perpétue encore.

» Et pourtant, ma bien-aimée, il faut séparer en nous, à jamais, l’amant et la maîtresse. Il faut