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Page:Tinayre - La Rancon.djvu/43

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Heine et Schumann. Ah ! l’on est mieux à Meudon qu’à Paris.

Ils entrèrent dans le salon du rez-de-chaussée. Tous les ans, de juin à septembre, les Vallier s’installaient dans la villa des Trembles que leur cédait madame Aubryot. Jacqueline aimait cette maison où elle avait grandi, où elle s’était mariée, où elle avait passé la première année de son mariage. La proximité de Paris rendait facile les voyages quotidiens de Paul.

Par la fenêtre ouverte, Étienne regarda la vaste pelouse irrégulière bordée d’un rideau de hêtres et de trembles argentés. Des roses trop épanouies exhalaient dans l’air tiède de quatre heures leur parfum subtil et fort. Jo, étendu dans l’herbe, faisait danser au bout d’un bâton le chapeau volé au visiteur. Pas un roulement de voiture, pas un cri, pas un bruit de pas dans la calme petite rue Babie.

Ils causèrent, Chartrain semblait heureux. L’ondée chaude du sang à ses joues pâles lui donnait un air de jeunesse. Le bleu lumineux de ses yeux charma Jacqueline. « Est-ce bien le moine Chartrain ? » pensa-t-elle. Et tous deux se regardaient, surpris de découvrir en eux une âme inconnue et des traits nouveaux.