Aller au contenu

Page:Tinayre - La Rancon.djvu/47

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

déjà, mais une belle lumière vert doré jouait sur les mousses dans la profondeur des sentiers fuyants. Au carrefour de la Patte-d’Oie, ils s’assirent sous un auvent rustique, où des tables vides attendaient les promeneurs. Jo se balançait sur l’escarpolette suspendue entre deux montants peints en vert, et Jacqueline, tout en buvant le lait frais, écoutait les paroles d’Étienne. Heure charmante ! La joie de vivre sortait du frisson des feuillages, de la tiédeur épandue dans l’air, du rire de l’enfant, du regard de la jeune femme. Chartrain, le cœur gonflé d’effluves, en savourait l’enchantement. Il s’abandonnait aux hasards qui l’avaient conduit là, dans ce frais paysage dont Jacqueline était l’âme vivante, gaieté, jeunesse et douceur. Il ouvrait les yeux à sa beauté, l’oreille à ses confidences. Il prolongeait la halte heureuse, ému comme un adolescent.